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Biographie

DERNIER ALBUM (2019) : SIX STRINGS UNDER

Dès son plus jeune âge et doué d’une excellente oreille, il réinvente au piano ces harmonies étranges saisies au vol et très vite se laisse prendre aux sortilèges du jazz — Eric a trouvé là son langage. Il monte ses premiers groupes de jazz et de fusion, et dés le milieu des années 80 écume tous les clubs de la scène belge en quête de jam sessions où s’aguerrir, tous genres confondus... Il enregistre alors son premier disque en leader pour le label Igloo, « Essentiels » et décide dans la foulée de partir étudier aux Etats-Unis.

Il restera deux ans à New York — le temps d'apprendre le métier "sur le tas", en participant chaque soir à des jam sessions homériques en compagnie de la fine fleur du jeune jazz de l’époque. Legnini comprend par son truchement l’importance décisive d’Herbie Hancock dans l’histoire du piano jazz, et dès cet instant oriente de façon radicale son jeu dans le sens de ce free hard bop moderniste propre à l’esthétique Blue Note des années 60. 

Fin 1993, c’est le grand saut. Di Battista et son orchestre partent à la conquête de la Capitale française. Un répertoire séduisant, résolument hard bop ; une fougue, un talent et une joie de jouer particulièrement communicatifs.

Apprécié en studio pour sa musicalité et son savoir-faire, Legnini commence également dès cette époque à travailler comme directeur artistique sur un certain nombre de disques de variété, travail très raffiné concrétisant à la fois son amour des voix et de la musique noire (soul, hip hop). 

A 35 ans, Legnini, en pleine maturité stylistique, décide enfin de sortir de l’ombre et signe, avec « Miss Soul », son premier disque en leader sur un label français. L’occasion de révéler au plus grand nombre un univers musical personnel riche, séduisant et parfaitement original dans sa façon de multiplier les connexions entre tradition et modernité, art savant et expression populaire. 

En 2008, il achève avec Trippin’, le dernier volet du triptyque (Miss Soul, Big Boogaloo) qui l'impose comme l'un des maîtres de l'art du trio à la française.

En 2013, il signe l’album Sing Twice!. Depuis, il poursuit son travail de compositeur, réalisateur d’albums (Kellylee Evans...), joue au sein de groupes all star comme le quartet avec Manu Katché, Richard Bona et Stefano di Battista ; il crée également à Jazz à la Villette en septembre 2014 un programme autour du mythique album de Ray Charles “What’d I say”, dirige le projet “Jazz à la Philharmonie” en février 2015 avec un groupe composé de 10 musiciens parmi lesquels Joe Lovano, Jeff Ballard, Ambrose Akinmusire, Stefano di Battista... 

2015 est une année où on le voit continuer à multiplier les projets : tournée avec le projet “What’d I say”, enregistrement pour le label Impulse! de l’album “Red & Black Light” avec Ibrahim Maalouf...

2017 marque le grand retour d’Eric Legnini sur disque en leader : Waxx Up sort au printemps et sera le troisième volet du triptyque consacré à la voix et initié avec l’album “The Vox” en 2011. Il convie son trio (Franck Agulhon à la batterie et Daniel Romeo à la basse électrique) ainsi que des cuivres et des voix : Yael Naïm, Charles X, Mathieu Boogaerts, Michelle Willis, Hugh Coltman ou encore Natalie Williams.

Le dernier album en date du pianiste, Six Strings Under (2019), est construit comme un hommage à deux instruments qui ne font pas souvent bon ménage : le piano et la guitare. Accompagné par Thomas Bramerie à la contrebasse et les deux guitaristes Hugo Lippi et Rocky Gresset, Eric Legnini veut célébrer la guitare sous toutes ses formes. Pas simplement, l’art des standards chers à Thomas Bramerie ou à Hugo Lippi (comme sur le classique des années 30, « Stomping at the Savoy »). Pas seulement l’esprit manouche qu’incarne comme personne Rocky Gresset. On y retrouve ainsi des guitares afrobeat à la Fela (« Boda Boda »), des guitares pop à la Radiohead (« Daydreaming ») ou des guitares bossa à la Jobim (« La Mangueira » composition dédiée à son amie et complice brésilienne Marcia Maria disparue en 2018). Mieux : on trouve même une messe miniature dédiée aux guitares du rock anglais… mais sans guitare ! Sur la reprise du sommet de David Bowie « Space Oddity », Eric Legnini la joue quasi solo : « c’était le challenge : je voulais une version lente et dépouillée. Mais je voulais aussi coller au plus près de la mélodie et de son interprétation originale. »

Et puis ce disque, c’est aussi et surtout une vraie madeleine de Proust pour le Belge fan du « sentiment d’espace » que procure le format piano-contrebasse-guitare. « L’interplay est très différent car d’ordinaire c’est souvent la batterie qui prend la main dans un groupe. » À ses débuts, les trois pianistes qu’il préférait, du moins les trois pianistes qu’il admirait le plus, ses véritables « maîtres à penser », sont précisément ceux qui ont magnifié cette formule canonique : Nat King Cole, Oscar Peterson et Ray Charles. Comme par hasard, deux chanteurs et un très grand escorteur de voix : comme quoi même quand il n’utilise pas la voix, Eric Legnini l’a toujours en point de mire.


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